jeudi 1 juillet 2010

Le Bonheur

Je m’appelle Marcos. J’ai toujours voulu être Cristobal.
Je ne veux pas dire m’appeler Cristobal. Cristobal est mon ami ; j’allais dire le meilleur, mais je dirai plutôt le seul.
Gabriela est ma femme. Elle m’aime de tout son cœur et couche avec Cristobal.
C’est un homme intelligent, sûr de lui doublé d’un danseur hors pair. C’est aussi un bon cavalier et un as en thème latin. Il cuisine pour les femmes puis il les croque. Je dirais que Gabriela est son péché mignon.
Quelqu’un de peu avisé pourrait penser que ma femme me trompe : loin de là. J’ai toujours voulu être Cristobal, mais je ne reste pas les bras croisés. Je m’entraîne à ne pas être Marcos. Je prends des cours de danse et je me replonge dans mes manuels scolaires. Je sais bien que ma femme m’adore. Et son adoration est telle, si grande, que la pauvre couche avec lui, avec l’homme que je voudrais être. Au creux des robustes pectoraux de Cristobal, ma Gabriela m’attend, fébrile et les bras ouverts.
Une telle patience me comble de joie. Pourvu que mon application soit à la hauteur de ses espérances et qu’un jour, bientôt, le moment arrive. Ce moment d’amour inébranlable qu’elle a tant préparé, en trompant Cristobal, en s’habituant à son corps, à son caractère et à ses goûts, pour être le plus à l’aise et la plus heureuse possible lorsque je serai comme lui et que nous le laisserons tout seul.

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